Au prétexte d’un échange universitaire d’un an à Lima, j’échangeais les sciences politiques contre la photographie et l’écriture à la première place de mes centres d’intérêt. Comme d’autres, je célébrais par un blog la démocratisation de l’édition permise par l’auto-publication en ligne. Depuis chaque nouveau départ est un prétexte pour raconter parce que l’inspiration et le voyage marchent ensemble.
On dit souvent des néo ruraux qu’ils font leur retour à la terre, comme un retour aux sources. Mais leurs racines sont urbaines, leurs pieds ont touché l’asphalte avant l’humus et il s’agit en fait d’un aller simple. Pas si simple d’ailleurs, car c’est un autre mode de vie que voilà, avec une autre définition de l’espace, du temps, du confort, de l’amour, des relations humaines. Pour ceux des villes, la campagne est un voyage, un dépaysement paysan. Un aller pour la terre est le journal intime du néo rural inconnu en quête de transition. Vous pouvez aussi écouter ses « pitres » (l’auteur est allergique aux « cha ») en version lue.
Mars 2016 : dans un bus ralant au milieu du Sahara Occidental, je rêve à un débouché pertinent pour ma prime de fin de mission. L’année à venir ressemble au paysage derrière la vitre : un terrain vague et vierge, une chance inouïe de me consacrer pleinement à trois passions : voyager, photographier et raconter. La Mongolie, je ne sais plus pourquoi. Les destinations importent peu : le voyage c’est ce qui arrive en chemin. J’avais décidé d’arrêter l’avion par considération pour les merveilles qui m’attendaient, alors la boucle terrestre s’est dessinée sur la carte : les Etats baltes, la Russie, l’Asie Centrale, le Moyen Orient et les Balkans. Un an plus tard, 80 articles, 800 photos et des centaines de sons fleurissent sur le baladographe qui intéresse la radio de l’École Normale Supérieure et donne bientôt lieu aux expositions Gare de l’être. L’article « En voiture Chiraz » remporte le concours de récit de voyage sur l’Iran organisé par le journal Lettres Persanes.
Mars 2014 : Je signe pour un volontariat. Départ pour un inconnu qui s’appelle Nouakchott, jeune capitale mauritanienne construite à l’indépendance dans un de ces points de contact entre deux immensités : le Sahara et l’Atlantique. L’aridité présupposée de ces deux années se révèle d’une richesse épatante, parce que le vide, ça n’existe pas. La sérendipité du quotidien nouakchottois et les enivrantes échappées dans les déserts infinis de l’est sont une intarissable source d’inspiration pour le dailydunes qui s’étoffe de 42 articles et atteint finalement 23 000 pages vues. Ce nouveau cap dans la photo et les récits agit comme une confirmation et donne lieu à une exposition à l’institut français de Mauritanie.